Archive for juin, 2018

« Buckets of Rain » de Bob Dylan

En 1966, Bob Dylan fut impliqué dans un accident de motocyclette qui a mis une fin temporaire à sa carrière. Durant sa récupération, tout a changé et les enregistrements qu’il a publié par après étaient généralement acoustiques et, au mieux, moindrement intéressants. Les temps étaient difficiles – comme il l’a dit lui-même à l’époque, «Tout était faux, le monde était absurde. » Mais en 1975, Dylan a publié « Blood on the Tracks », un des plus importants disques de sa carrière. « Buckets of Rain », que je joue ici, est un blues « country » qui met fin au disque, joué dans le style de finger-picking Piedmont. Ce style, basé sur la musique de piano Ragtime, tire son nom du plateau Piedmont de l’est des É-U, d’où plusieurs des guitaristes qui jouaient ce style sont originaires.

Je joue cette pièce de Dylan dans le style de Mississippi John Hurt. En 1965 et 66, j’ai vu Mississippi John jouer sur quelques programmes de télé sur le renouveau folk, populaires à l’époque, et j’ai tout de suite compris que, plus que toute autre chose au monde, je voulais jouer comme lui. Plus tard, j’ai su que Mississippi John (1892-1966) avait appris à jouer de lui-même, tout comme moi. Il était agriculteur d’Avalon au Mississippi qui fut enregistré en 1928 par la compagnie de disques Okeh mais les enregistrements n’ont jamais trouvé audience. Il est retourné à sa ferme d’Avalon pour presque quarante ans. En 1964, il a été enregistré par la Bibliothèque du Congrès et ces enregistrements ont connu un grand succès avec notre génération et Mississippi John est devenu le favori des foules sur le circuit collégial et des cafés. Malheureusement, il est décédé avant de pouvoir jouir de cette popularité tardive. Son influence sur la musique contemporaine est vaste et ses pièces ont été enregistrées par des artistes comme Bob Dylan, Doc Watson, Bruce Cockburn, Gillian Welch et Taj Mahal, entre autres.

Grandissant à Rockland, c’était difficile pour moi d’apprendre le style de finger-picking de Mississippi John, pour la bonne raison que je n’avais pas d’argent et donc j’étais sans ma propre guitare! Je jouais sur de piètres instruments empruntés. Bien sûr, il n’y avait pas d’internet ni de magazins de musique à Rockland alors j’épargnais pour pouvoir acheter les disques de Mississippi John à Ottawa. J’ai aussi commandé des livres sur le finger-picking par la poste, mes préférés étant ceux publiés par le guitariste Stephan Grossman à New York, qui a eu une sphère d’influence énorme sur des milliers de guitaristes. J’ai acheté ma première guitare quand j’ai commencé à travailler à l’âge de dix-neuf ans. Éventuellement, j’ai appris à jouer dans un style semblable à Mississippi John Hurt – le mien est plus percutant. Mes premières compositions enregistrées dans les années 70 furent tous basées sur ce style de finger-picking. À ce jour, ce dont je suis le plus fier est d’avoir appris à jouer comme Mississippi John Hurt, un de mes plus grands héros.

Richard Séguin – voix, guitares acoustiques, contrebasse électrique

Buckets of Rain

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« Forty-Four » de Howlin’ Wolf

« Forty-Four » est une pièce classique du blues dont les origines ont été retracées à la Louisiane du début du 20e siècle. Dans ses premières formes, la pièce était un blues instrumental joué au piano et parfois connu comme « The Forty-Fours. » Little Brother Montgomery, généralement crédité du développement de la pièce, l’a enseigné au pianiste Lee Green, qui l’a enseigné à Roosevelt Sykes. C’est Roosevelt Sykes qui a fourni les paroles à la pièce et l’a enregistré pour la première fois en 1929. C’était son premier disque et la chanson est devenu sa pièce-signature. Avec de nombreuses adaptations et enregistrements au cours des années,« Forty-Four » est demeuré une partie vibrante du lexique du blues jusqu’à ce jour.

Quand Howlin’ Wolf a enregistré sa version de « Forty-Four » en 1954, tout a changé. Appuyant l’harmonica et le vocal de Wolf, les musiciens étaient Hubert Sumlin et Jody Williams à la guitare électrique, Otis Spann au piano, Willie Dixon à la contrebasse et Earl Phillips à la batterie. Ils transforment « Forty-Four » en un blues impérieux de Chicago mettant en vedette des passes de guitares agressives. Par contre, c’est la prestation de Earl Phillips qui commande la chanson, avec sa cadence militaire sur le snare et une grosse caisse qui descend comme un marteau. Avec la voix sévère et irrésistible de Wolf, l’effet global fut décrit par un critique de l’époque comme « menacant. »

Quand j’avais 21 ans, mon frère s’est acheté un magnétophone Sony et j’ai enregistré quelques unes de mes chansons préférées avec des amis musiciens au sous-sol de notre demeure. J’étais de plus en plus captivé par le blues à l’époque et une des pièces que nous avions enregistré est « Forty-Four. » Incroyablement, les bandes magnétiques ont survécu et je peux entendre la passe d’Hubert Sumlin que j’avais légèrement modifiée pour cet enregistrement. J’ai conservé cette modification sur notre enregistrement. Lowell George (1945-1979) a introduit une guitare slide dans la version de « Forty-Four » enregistré par Little Feat et j’ai aussi utilisé un slide ici.

Wolf n’a chanté que deux versets sur son enregistrement historique de « Forty-Four » et j’en ai ajouté deux. Le troisième verset vient de l’enregistrement original de Roosevelt Sykes en 1929. Le dernier verset vient de « I Asked For Water », un blues transe classique d’Howlin’ Wolf.

Richard Séguin – voix, guitares électriques, guitare slide, guitare MIDI (piano)
Alrich Huebener – contrebasse
Roch Tassé – batterie, buffalo drum

Forty-Four

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