Au début de 1965, un jeune de 15 ans met le nouveau microsillon de Bob Dylan sur la plaque tournante, met l’aiguille dans le sillon et tombe sur le cul en incrédulité. « Subterranean Homesick Blues », la première piste du microsillon « Bringing It All Back Home », est un tourbillon de paroles apparemment démentes par dessus un branlement d’instruments électriques. Le vieux Dylan, le héro du folk et le sauveteur d’une génération, celui qui nous avait donné « Blowing In The Wind » et « The Times They Are A-Changing », n’était plus.
On dit que le titre singulier de la pièce vient de « The Subterraneans », un roman de Jack Kerouac et de « Taking It Easy », une pièce ironiquement composée par Woodie Guthrie (la plus grande influence de Dylan) et Pete Seeger (un de ses plus grands dénigrateurs). Dylan lui-même dit que la pièce vient de la diction vocale de Chuck Berry sur sa classique anti-établissement de 1956, « Too Much Monkey Business. »
« Subterranean Homesick Blues » présente un aperçu parfait des années 60 avec ses références à la distillation de drogues, aux saisies, aux téléphones à l’écoute, aux émeutes des droits civiques (souvent dispersées avec des tuyaux d’incendie à haute pression) et une atmosphère palpable de paranoïa et crainte qui encercle le fameux « kid. » S’il y a un avis de Dylan que j’ai pris de cette chanson c’est « don’t follow leaders ». une doctrine pour toute ma vie.
La pièce « Subterranean Homesick Blues » fait l’objet d’un des premiers clips de films promotionnels, qu’on appelle maintenant clips musicals. Le clip est tiré du documentaire de D.A. Pennebaker, « Don’t Look Back », à propos de la tournée de l’Angleterre que Dylan a fait en 1965.
Contrairement à l’enregistrement original, mon arrangement de « Subterranean Homesick Blues » est dans le style traditionnel du blues et vient de Howlin’ Wolf (vrai nom Chester Burnett, 1910-1976), un des plus grands artistes de tous les temps, et sa très influente pièce, « Smokestack Lightning. » En particulier, Hubert Sumlin (1931-2011), le guitariste de Wolf a trouvé une des passes de guitare des plus éternelles pour l’enregistrement original de la pièce en1956. Quand j’étais jeune homme j’ai passé des heures à jouer la passe de Hubert Sumlin, travaillant sur des variations dans mon style de fingerpicking qui, plus de 40 ans plus tard, forment la base de cet arrangement.
Richard Séguin – voix, guitares électriques, bass électrique
Roch Tassé – batterie