En 1965, Bob Dylan a publié deux albums, « Bringing It All Back Home » et « Highway 61 Revisited », les deux forgeant un trajet bien éloigné de sa première musique folk vers un nouveau hybride musical qui comprenait le folk, le rock ‘n roll, la littérature et le blues, le tout mélangé dans un tourbillon irrésistible. L’année d’après, Dylan a publié le disque double « Blonde On Blonde » et les 34 chansons de ces trois albums sont, à mon avis, la plus grande réussite de n’importe quel musicien à n’importe quel temps. Les paroles de ces chansons ont grandement contribué au Prix Nobel de littérature que Dylan a gagné en 2016.
La vraie route 61 divise les États-Unis en deux et s’étend sur 1 400 miles, de la Nouvelle Orléans en Louisiane, jusqu’à Wyoming au Minnesota. La route 61 est aussi connue comme la route du blues parce qu’elle traverse le delta du Mississippi, la région la plus associée au développement de la musique blues. La jonction des routes 61 et 49 à Clarksdale au Mississippi est le fameux croisement où Robert Johnson, selon la légende, a vendu son âme au diable en retour de son immense talent. La chanteuse du blues Bessie Smith a aussi perdu la vie en 1937 dans un accident d’auto sur cette route.
Mon arrangement de « Highway 61 » est tiré directement des versions de « I’m A Man » et « Mannish Boy » que Muddy Waters a enregistré dans les années 50. On joue la pièce dans le style des trios rock des années 60 tel Cream, le Jimi Hendrix Experience et, un de mes préférés, BLT (Jack Bruce, Bill Lordan et Robin Trower), une collaboration qui a duré toute la longueur d’un seul disque!
En 1968, Cream et le Jimi Hendrix Experience ont tous deux joué au magnifique théâtre Capitol d’Ottawa, dans l’espace de quelques semaines. Je n’avais pas assez d’argent pour aller voir les deux concerts alors j’ai choisi Clapton (Cream) tandis qu’un ami est allé voir Hendrix. Mon ami ne pouvait pas croire que Hendrix avait mis le feu à sa guitare! Pour ma part, Cream a joué tellement fort que mes oreilles sillent encore, 50 and plus tard!
Le théâtre Capitol a fermé ses portes en 1970, victime du nouveau et avoisinant Centre National des Arts. Peu de temps après, on a démoli une des plus belles pièces d’architecture du Canada pour la remplacer par un autre édifice à bureaux laid et carré. Le gouvernement provincial de l’Ontario, toujours en retard, a pris cinq autres années avant de promulguer sa législation pour la protection du patrimoine.
Richard Séguin – voix, guitare électrique, bass électrique
Roch Tassé – batterie