Bobby Bare et « The All-American Boy »

Le 24 mars 1958, la conscription de l’Armée américaine a piégé Elvis Presley. J’avais huit ans et j’avais la déprime. J’avais aucune idée que le service militaire était une obligation chez nos voisins du sud et, pour une des maintes fois de ma vie, j’ai remercié Dieu d’être Canadien. Elvis a réapparu en 1960 mais il ne fut jamais pareil.

Tout marchait mal à cette époque. En plus de perdre Elvis, on avait aussi perdu Chuck Berry (la prison), Little Richard (la religion), Jerry Lee Lewis (la moralité), Buddy Holly et Eddie Cochrane (des accidents mortels). Le scandale du payola (où les représentants de compagnies de disque payaient les disc-jockeys pour jouer leurs disques) prenait de l’élan et menaçait les industries du disque et de la promotion. Mais en 1959, j’ai entendu « The All – American Boy » à la radio et c’était comme un rayon de soleil. J’adorais l’humour sophistiqué et le language beatnik branché que la pièce amenait à ces sombres temps. Jusqu’à ce jour la pièce demeure une de mes préférées de tous les temps.

Alrick

L’histoire de la parution de « The All-American Boy » est une vrai classique. En 1958, Bobby Bare et son bon ami Bill Parsons tentaient tous deux de décrocher un contrat d’enregistrement en auditionnant des chansons avec des petites compagnies de disque. Parsons venait de terminer son service militaire et Bobby Bare avait écrit « The All-American Boy », un blues parlé qui était une parodie de l’ascension d’Elvis vers la gloire et de son enlèvement subséquent par l’Armée américaine, personnifiée dans la chanson par le fameux « oncle Sam. » La compagnie Fraternity Records a acheté la copie maîtresse de cette pièce mais quand le disque est sorti, Bill Parsons était crédité comme chanteur et compositeur de la chanson. Ironiquement, Bobby Bare s’était aussi rapporté pour son service militaire à ce temps et ignorait tout ce qui se passait. « The All-American Boy » a saisi l’imagination du public et a atteint le no. 2 du palmarès américain et le no. 22 en Grande Bretagne, tout sous le nom de Bill Parsons.

En 1960, Bobby Bare, toujours le bon gars, a témoigné devant la sous-commission Harris (le sondage du Congrès sur l’affaire payola) qu’il avait composé, arrangé et joué « The All-American Boy » avec le but unique d’aider son ami Bill Parsons et qu’il avait accepté que Parsons mette son nom sur le disque.

Richard et Roch

Le scandale payola a ruiné la carrière d’Alan Freed, un des promoteurs les plus dynamiques du rock ‘n roll et un de mes préférés de tous les personnages du rock ‘n roll. J’ai vu deux des films promotionnels que Freed a réalisé en 1956 au théâtre Cartier de Rockland – « Rock Around the Clock » et « Rock, Rock, Rock », qui, entre autres, mettaient en vedette Bill Haley & His Comets, The Platters, Chuck Berry, Frankie Lymon & The Teenagers et LaVern Baker, la plus belle femme que j’avais vu de ma vie. Toutefois le sondage payola a épargné Dick Clark, dont le programme de télévision très populaire, « American Bandstand », est en référence dans « The All-American Boy. »

Bobby Bare est devenu un artiste country très populaire et a connu une longue et fructueuse carrière, faisant des tournées à travers le monde. Après deux essais manqués en 1960, Bill Parsons a renoncé à une carrière en musique.

Richard Séguin – voix, guitare acoustique, guitare électrique
Alrick Huebener – contrebasse
Roch Tassé – batterie

The All-American Boy

Photo d’Alrick par Kate Morgan

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