« J’ai été au bal » d’Iry LeJeune

Les racines de la musique cajun viennent des ballades des Acadiens francophones du Canada. La première forme de la musique traditionnelle cajun s’est fait entendre dans le sud de la Louisiane avec l’arrivée des Acadiens du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse en 1764. Plusieurs de ces chansons ont originé en France et se sont répendues dans les bayous et les prairies de la Louisiane, formant la base de ce qui est maintenant accepté comme la musique cajun.

Le premier enregistrement de cette musique, réalisé en 1928 par l’éminent historien et folkloriste américain Alan Lomax, fut « Allons à Lafayette », par Joe Falcon (1900-1965) et son épouse Cléoma Breaux (1906-1941). Les musiciens importants de cette période comprennent deux duos: le joueur d’accordéon et chanteur Amédé Ardoin (1898-1942) et le violoneux Dennis McGhee (1893-1989), ainsi que, un peu plus tard, l’accordéoniste Alphonse « Bois Sec » Ardoin (1915-2007), le jeune cousin d’Amédé, et le violoneux Canray Fontenot (1922-1995). L’accordéon diatonique et le violon étaient les deux instruments joués dans la musique cajun à cette époque, auxquels s’est ajouté le triangle, connu à travers la Louisiane comme le ‘tit fer.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’Amérique a connu une vague de patriotisme et de fierté, et tout le monde, y compris les Cajuns, voulait être un Américain. Par conséquent, les gens parlaient moins le français et la musique cajun a gravité vers le Texas Swing de Bob Wills et la force musicale irrésistible qui était Hank Williams. Plus que tout autre facteur, ce décalage culturel fut arrêté en Louisiane par l’arrivée d’Iry LeJeune. LeJeune amenait avec lui un répertoire extensif de superbes chansons françaises, une voix puissante et un style d’accordéon formidable et entraînant. Il est devenu un des artistes cajuns les plus populaires de tous les temps et peu après, tout le monde dansait au son de la musique cajun dans toutes les salles de la Louisiane.

Presqu’aveugle de naissance et incapable d’aider aux travaux de la ferme, Iry LeJeune a passé ses premières années chez son oncle Angelas LeJeune, un artiste cajun populaire reconnu pour son superbe enregistrement de « Bayou Pon Pon » en 1929. Iry a pu pratiquer sur l’accordéon de son oncle et, en plus de la musique d’Angelas, il a pu entendre les enregistrements d’Amédé Ardoin, le grand joueur d’accordéon et chanteur créole. Ces deux hommes ont grandement influencé le jeune Iry.

Durant la nuit du 8 octobre 1955, Iry LeJeune et le violoneux J.B. Fuselier regagnaient la maison après une danse à Eunice (Louisiane) quand ils ont eu une crevaison. Changeant le pneu sur le bord du chemin, les deux hommes furent frappés par une auto allant à toute vitesse. Fuselier fut grièvement blessé et LeJeune fut projeté dans un champ avoisinant, tué à l’instant. Il n’avait pas encore atteint ses 27 ans. Il a laissé une femme et cinq enfants dans le deuil. Deux des fils d’Iry, Eddie et Ervin, ont suivi dans les traces musicales de leur père.

Iry LeJeune nous laisse un héritage de 26 chansons, peut-être une petite œuvre mais tout à fait essentielle au développement de la musique cajun. Il a enregistré « J’ai été au bal » en 1954, la pièce publiée à titre posthume en 1957. Des années après sa mort, ses enregistrements sont toujours disponibles et ses chansons sont jouées et chantées par des musiciens de tout la Louisiane et le monde.

Le réveil folk des années 1960 a permis à plusieurs artistes, tout particulièrement les frères Balfa , les plus importants et respectés de tous les musiciens cajuns, de se présenter aux festivals folk du nord. Ceci a mené à une période de fierté en plein essor pour la culture cajun et créole en Louisiane. Il y avait maintenant un intérêt à travers l’État pour préserver la langue française et les traditions uniques à la Louisiane. En 1968, le Council for the Development of French in Louisiana (CODOFIL) fut établi et aujourd’hui, prèsque 100 000 élèves étudient en français dans 26 écoles d’immersion en Louisiane.

Note de production : je joue la mandoline ici comme instrument de percussion, frappant les cordes avec des bâtonnets en bois pour les kababs! C’est un « truc de violoneux » que j’ai emprunté de Dewey Balfa (1927-1992).

 

Richard Séguin – voix, mandoline, guitare MIDI (accordéon diatonique)
Alrick Huebener – contrebasse
Roch Tassé – ‘tit fer

 

J’ai été au bal

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