« Don’t Think Twice (It’s Alright) » de Bob Dylan

Il y a des événements déterminants dans chacune de nos vies qui définissent notre estime de soi. J’en ai eu deux – mon premier tour de bicyclette sans aide et lorsque j’ai finalement réussi à jouer une guitare dans le style « fingerpicking. » Ce dernier truc fut pas mal difficile puisque je n’avais pas de guitare et je ne pouvais pas me permettre de payer pour des leçons. J’ai appris de moi-même sur des guitares empruntées et, vers la fin des années 60, j’ai vu Mississippi John Hurt à la télé, la caméra faisant un zoom opportun sur ses doigts pour que je puisse voir ce qu’il faisait. J’ai acheté quelques disques de Mississippi John et j’ai essayé et essayé de jouer comme lui, tout comme avec ma bicyclette. Finalement, j’ai pu le faire de moi-même.

Dans les années 60, tout artiste folk, presque sans exeption, deuvait jouer dans le style fingerpicking. Les programmes télévisés à propos de la relance populaire de la musique folk mettaient en vedette plusieurs bons fingerpickers comme Dave Van Ronk, Doc Watson, Pete Seeger et, bien sûr, Bob Dylan.

Plus que la musique, les années 60 furent à propos des paroles – pour la première fois dans l’histoire de la musique populaire, les chansons étaient significatives et abordaient des problèmes graves. Je me souviens très bien de Pete Seeger et de « Where Have All the Flowers Gone? » (la guerre), « If I Had a Hammer » (les droits civiques), « Turn! Turn! Turn! » (la paix mondiale) et « Little Boxes » (la conformité). Lorsque Dylan a quitté le Minnesota pour la ville de New York, ça ne lui a pas pris de temps à dominer la scène musicale des collèges et des cafés, et quand il a composé « Blowin’ in the Wind » en 1962, un hymne du mouvement pour les droits civiques, il est devenu héroïque. Suivèrent plusieurs compositions désignées « chansons de protestation » où les maux du jour furent mis en évidence, comme « The Times They Are A-Changin’ », « Masters of War » et « Oxford Town », que nous avons enregistré en septembre 2015 (voir les Archives).

À l’époque, je ne pouvais que remarquer qu’un autre élément s’entrelacait dans le tissu de la musique contemporaine – un système de valeurs sans amour, froid, nomade, tout à fait au contraire de toutes mes croyances. Certainement, « Don’t Think Twice (It’s Alright) » se placait à l’avant de ce changement social inquiétant, tout comme presque tout ce que les Rolling Stones écrivaient et enregistraient, mais ce genre d’angoisse sociale a commencé beaucoup plus tôt et avait une association canadienne. Hank Snow (de la Nouvelle-Écosse) a connu un grand succès en 1950 avec sa composition « I’m Movin’ On » et Ian Tyson (de la Colombie-Britannique), au début des années 60, a composé « Four Stong Winds », une des plus iconiques de toutes les chansons canadiennes. Tout le monde a enregistré cette pièce, de Neil Young à Johnny Cash et la chanson a fait un malheur en Scandinavie. En Suède, le groupe pop Hep Stars a réalisé un grand succès avec la pièce et, par après, leur joueur de clavier Benny Anderson a connu un succès mondial avec ABBA. En Norvège, le groupe pop The Vanguards a enregistré la chanson et leur guitariste Terje Rypdal est par la suite devenu un des plus influents artistes du jazz scandinave.

Pour un aperçu impressionant du malaise des années 60, voyez le film de 2013 « Inside Llewyn Davis », un autre des chefs-d’oeuvre des frères Coen. Le film suit une semaine bouleversante dans la vie d’un infortuné chanteur folk en 1961. Le film a été nominé pour 90 prix à l’échelle mondiale et en a gagné 27.

Voici ma version version « fingerpicking » de « Don’t Think Twice (It’s Alright », de Dylan.

 

Richard Séguin – voix et guitare

 

Don’t Think Twice, It’s Alright

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