« In The Pines » est une chanson américaine traditionnelle qui date de 1870, tout au moins. Son origine est largement considérée la région des Appalaches du sud (le Tennessee, le Kentucky, la Caroline du Nord et la Georgie) mais pourrait aussi avoir une histoire irlandaise antérieure. Comme bien d’autres chansons folkloriques, elle fut passée de bouche à oreille d’une génération et d’une place à une autre. La première version imprimée des paroles fut publiée en 1917 et une version fut enregistrée sur cylindre phonographique en 1925. Les premiers enregistrements commerciaux de la pièce datent de 1926, par divers artistes de bluegrass et de folk. Dans son doctorat de 1970, l’ethnomusicologue Judith McCulloh a trouvé 160 permutations de « In The Pines. » La pièce a été enregistrée sous des titres aussi variés que « Black Girl », « My Girl », « In The Pines », « Where Did You Sleep Last Night » et « The Longest Train. »
En 1994 dans le New York Times, Eric Weisbard a décrit « In The Pines » comme « une chanson simple qui vit au-delà du temps. » Elle vit aussi au-delà des styles. Au cours des années, la pièce a été enregistrée en versions blues (Leadbelly, Leroy Carr), bluegrass (Bill Monroe, Doc Watson), country (Dolly Parton, The Oak Ridge Boys), rock (Link Wray, The Grateful Dead), traditionnelle (Roscoe Holcomb, Ralph Stanley), folk (Pete Seeger, Odetta), même grunge (Kurt Cobain, Marilyn Manson) et pop (Connie Francis, Tiny Tim). Près de mon cœur est une version cajun de Nathan Abshire, chantée en français et publiée sous deux titres différents, « Pine Grove Blues » et « Ma négresse. » Ce fut le plus grand succès d’Abshire.
Pour toutes ces différentes versions, trois éléments sont presque toujours présents : le train, la fille infidèle et les pins eux-mêmes, qui sont vus comme la sexualité, la solitude ou la mort. Dans la chanson, le train le plus long vient de la Georgie où Joseph Emerson Brown, un ancien gouverneur, exploitait des mines de charbon vers 1870, utilisant des prisonniers comme ouvriers. Il est souvent suggéré que le capitaine qui se défait de sa montre indique que le train est un passage éternel de la vie vers la mort. Je chante aussi le « couplet de la décapitation », qui est souvent omis.
De nos jours, « In The Pines » est surtout associé à Leadbelly (Huddie Ledbetter) et Bill Monroe, qui ont tous deux enregistré plusieurs versions influentes de la pièce dans les années 1940. Pour mon enregistrement, je me suis fié aux enregistrements émouvants de Leadbelly et j’ai décidé d’ajouter une mandoline en hommage à Bill Monroe. J’ai aussi écouté sans cesse à un enregistrement de Doc Watson et David Grisman, un des meilleurs joueurs de mandoline au monde, jouant la pièce en un concert de 1998 à Watsonville en Californie. C’est un exemple saisissant du talent artistique dans un ordre des plus élevés.
Richard Séguin – voix, guitare 12 cordes, mandoline