Robert Charles Guidry (1938-2010), toujours connu comme Bobby Charles, était un Cajun ethnique qui a grandi dans la petite ville d’ Abbeville en Louisiane, écoutant la musique cajun et la musique « country and western » de Hank Williams. Le fils d’un chauffeur pour une compagnie de gaz, sa vie a changé pour de bon quand il a entendu Fats Domino à la radio et il a commencé à composer des chansons à un jeune âge. Il a dirigé un groupe local, « The Cardinals » et il a toujours eu le don du compositeur. En quittant ses amis un soir, il leur a dit « See you later, alligator » et quelqu’un a répondu « In a while, crocodile.» Charles a figé sur place. À ce moment, comme ça lui arriverait toute sa vie, la chanson « See You Later, Alligator » s’est formée toute entière dans sa tête. Il avait 14 ans. Plus tard, Fats Domino a joué à Abbeville et il a invité Charles à un show à la Nouvelle-Orléans. Le jeune chanteur a répondu qu’il n’avait pas les moyens pour s’y rendre et Domino a répliqué « Alors commence à marcher. » S’en était fait : la chanson « Walking to New Orleans » était dans sa tête. Fats Domino a enregistré la chanson en 1960 et c’est devenue sa pièce signature.
Suite à la popularité de « See You Later, Alligator », le propriétaire d’un magasin de disques local a recommandé Charles à Leonard Chess de la fameuse étiquette Chess de Chicago. Après que Charles lui eut chanté la chanson au téléphone, Leonard Chess l’a signé sur place. Charles a surpris les propriétaires de Chess à sa première visite à Chicago, qui étaient tous convaincus par le son de sa voix que Charles était un noir! Ils avaient arrangé une tournée promotionnelle des lieux afro-américains du « chitlin circuit » pour lui, qui a dû être annulée.
Chess a publié la chanson de Charles sous le titre « Later Alligator » en janvier 1956 mais Bill Haley & His Comets ont enregistré la pièce comme « See You Later, Alligator », une version qui a vendu un million de copies aux É.U. Bien que Charles ait joué aux côtés de grands comme Little Richard, The Platters et Chuck Berry, ses propres disques pour Chess, Imperial et Jewel n’ont pas connus beaucoup de succès. Par contre, il n’avait pas d’égal comme compositeur. Par exemple, sa composition « (I Don’t Know Why) But I Do » fut un énorme succès pour Clarence « Frogman » Henry en 1961, le plus gros hit de sa carrière.
Quand Elvis Presley a joué le théâtre Paramount à New York en 1956, Bobby Charles l’a rencontré dans les coulisses et a eu la chance de passer un peu de temps avec lui. Elvis lui a dit « Quoi que ce soit, ne soit jamais aussi grand que moi. Je ne peut pas aller au cinéma. Je ne peut rien faire. C’est terrible. L’argent est bon mais c’est une vie terrible. » Charles a pris ça à cœur et, pour le reste de sa vie, ses chansons furent beaucoup plus populaires qu’il ne l’était lui-même.Charles est disparu de la scène musicale dans le milieu des années soixante et est devenu membre de la communauté d’artistes en résidence de Woodstock, apparaissant sur des enregistrements de Paul Butterfield et faisant une rare apparition sur scène en 1976 à The Last Waltz, le concert d’adieu pour The Band. Il a chanté et joué avec Dr. John sur la classique de la Louisiane « Down South in New Orleans. »
Charles a vécu pour quelques années en isolement à Holly Beach sur le golfe du Mexique. Après que sa maison fut détruite par l’ouragan Rita en 2005, il est revenu à Abbeville. On a reconnu ses contributions à la musique de son état d’origine par une intronisation au Temple de la renommée de la Louisiane en 2007. Bobby Charles s’est effondré près de chez lui à Abbeville en 2010, victime d’années de pauvre santé. Il est survécu par quatre fils.Ses chansons ont toujours attirés les meilleurs chanteurs du métier et « The Jealous Kind » n’est certainement pas une exception. Elle fut enregistrée par Joe Cocker, Delbert McClinton, Ray Charles et Etta James, entre autres.
Une grosse partie de la musique sur ce site ne serais pas possible sans la contribution exceptionnelle d’Alrick Huebener (contrebasse) et de Roch Tassé (batterie et percussion).
Richard Séguin – voix, guitare acoustique, guitares électriques, guitare MIDI (piano électrique)
Alrick Huebener – contrebasse
Roch Tassé – batterie