La fin de la Grande Guerre apporta beaucoup de jubilation au public américain et, en peu de temps, les années folles et l’ère du jazz ont fait leur entrée impudente. La transition fut rapide et vertigineuse. La musique de l’immédiat après-guerre favorisait encore les refrains sentimentaux et souvent banals du vaudeville avec des nuances de ragtime mais, en 1925 et les premiers enregistrements électriques de musique populaire, cette sentimentalité avait disparu et avait été remplacée par une sorte de fête très contemporaine. De nombreuses chansons du début de l’après-guerre, comme « Blues My Naughty Sweetie Gives To Me », employaient une intro lente aux délibérations plus animées qui suivaient, mais ces intros ont rapidement été abandonnées et n’ont pas refait surface dans aucun enregistrement subséquent.
J’ai entendu « Blues My Naughty Sweetie Gives To Me » pour la première fois dans les années 1960, dans le cadre du répertoire extraordinaire du Jim Kweskin Jug Band. C’était une pièce courte et dynamique, livré avec enthousiasme par le groupe. Ce n’est que par ma recherche sur l’œuvre que j’ai finalement entendu l’intro qui faisait partie de sa première incarnation. L’intro est certainement datée et je peux même comprendre pourquoi tout le monde a décidé de l’ignorer depuis les derniers 100 ans. Cependant, je ne suis certainement pas d’accord avec la pratique.L’histoire, dans toute discipline, est le dépositaire de toutes les connaissances humaines. C’est tout ce que nous avons. Par conséquent, il est à mon avis une très grave erreur de le réécrire ou de modifier les faits de quelque façon que ce soit. Si un langage musical tombe en défaveur à une époque plus moderne, n’est-ce pas le comble de l’arrogance que de simplement l’effacer? Les gens contemporains sont-ils supérieurs à ceux qui sont venus avant? Il n’est donc pas surprenant que j’ai choisi de jouer « Blues My Naughty Sweetie Gives To Me » dans sa forme originale, avec son intro peut-être banale pour certains mais tout à fait légitime.
Richard Séguin – voix, mandoline, guitare acoustique, contrebasse électrique, kazoo
Pour entendre la chanson, cliquez sur le titre ci-dessous.