« A Hard Rain’s A-Gonna Fall » de Bob Dylan

En septembre 1962, j’ai commencé ma dernière année d’école primaire. Je ne savais pas à quoi m’attendre quand je commencerais l’école secondaire l’année suivante – j’étais un garçon isolé et innocent, mais j’aimais la vie tranquille que j’avais dans ma ville natale bien-aimée. Puis, le mois suivant, la paix du monde a été emportée par des hommes sans visage de pays étrangers, l’un voisin, l’autre à l’autre moitié du monde, qui ont décidé qu’ils seraient ceux qui détermineraient le sort du monde.

Le 14 octobre 1962, un avion espion américain a pris des photos de missiles balistiques soviétiques installés à Cuba. Équipés de têtes nucléaires, les missiles pouvaient atteindre des cibles aux États-Unis et au Canada. Le président américain John F. Kennedy a rejeté les appels de ses conseillers militaires à lancer des frappes aériennes contre les sites de missiles. Plutot, il a monté un blocus naval immédiat de Cuba. La crise des missiles cubains a duré 13 jours et les deux superpuissances atomiques du monde se sont rapprochées plus que jamais de la guerre nucléaire. L’impasse a pris fin le 28 octobre avec l’aide de diplomates des Nations Unies, en particulier le Secrétaire général U Thant. Le premier ministre soviétique Nikita Khrouchtchev a accepté de démanteler et de retirer les missiles soviétiques, en échange de la promesse de Kennedy de ne pas envahir Cuba. Bien que la crise ait été désamorcée, l’armée américaine est restée en état d’alerte pendant trois semaines supplémentaires alors qu’elle surveillait l’enlèvement des missiles. Dans le cadre de la résolution, Kennedy a également secrètement promis de retirer de la Turquie des missiles nucléaires américains de portée intermédiaire Jupiter, un accord qui n’a été rendu public qu’à la fin des années 1980.

Au Canada, le premier ministre Diefenbaker avait remporté l’élection de 1958 avec la plus grande marge de l’histoire du Canada, mais sa réaction hésitante à la crise des missiles cubains a entraîné la chute de son régime. Au lendemain de la crise, les États-Unis ont accusé le gouvernement Diefenbaker de mentir et d’éviter ses devoirs militaires. Le ministre de la Défense nationale, Douglas Harkness, démissionne en février 1963 pour protester contre l’opposition de Diefenbaker à l’installation d’ogives nucléaires américaines au Canada. Cette démission a précipité la scission du gouvernement conservateur et Diefenbaker a perdu contre le Parti libéral de Lester B. Pearson aux élections de 1963.

Pour un jeune de 12 ans, c’était un réveil très, très douloureux. J’étais outré que des gens complètement insignifiants à ma vie pouvaient encore décider de son sort. J’ai développé une haine profonde pour la politique des nations belligérantes. À ce jour, j’espère que tous les belligérants rencontreront la mort qu’ils infligent aux autres. Chaque fois que j’entends parler de conflits mortels dans le monde, je repense au fait que les belligérants, sur les deux fronts de tout conflit, réduisent leur nombre dans le patrimoine génétique.

Dylan à ses débuts avec la chanteuse Joan Baez

En 1962, je n’étais certainement pas la seule personne qui portait de la haine et de l’indignation dans son cœur pour la guerre et la belligérance. Cette année-là, Bob Dylan lance « The Freewheelin’ Bob Dylan », un album qui comprend la chanson « A Hard Rain’s A-Gonna Fall » et d’autres « chansons de protestation », inspirées en partie par Woodie Guthrie (1912-1967) et influencée par Pete Seeger (1919-2014). La chanson de Dylan est modelée sur « Lord Randall », introduisant chaque verset avec des variantes des lignes d’introduction de cette ballade frontalière anglo-écossaise du 17ème siècle. La chanson est souvent interprétée comme une réaction à la crise des missiles cubains, mais Dylan a lui-même dénoncé cette simplification excesive puisqu’il l’avait lui-même interprétée publiquement un mois avant la crise.

Richard et Roch

Les pièces de Dylan à ses débuts venaient tous d’une époque où le renouveau folk qui prenait d’assaut la ville de New York se diffusait aussi en Amérique du nord et finalement, le monde. Ce phénomène précédait tous les avancements technologiques de notre vie. Invariablement, les pièces étaient enregistrées par Dylan seul, avec sa voix, sa guitare et son harmonica. Notre arrangement est beaucoup plus lent et moderne et, dans un esprit de brièveté, ne contient pas toutes les paroles de l’enregistrement original.  

Richard Séguin – voix, guitares acoustiques 6 cordes et 12 cordes, guitares électriques, programmation MIDI (orgue)
Roch Tassé – tom basse

Pour écouter la pièce, cliquez sur le titre ci-bas.

A Hard Rain’s A-Gonna Fall

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