« Louisiana Blues » de Muddy Waters

Muddy Waters 1950

Muddy Waters 1950

Quand j’étais adolescent, je lisais quelques-uns des magazines sur la musique pop qui étaient disponibles chez St-Jacques, une salle de billard et magasin général à Rockland. Hors la radio, il n’y avait pas d’autres médias pour vous informer de ce qui se passait en Grande-Bretagne et en Amérique, les avant-gardes de la musique contemporaine à cette époque. Quand j’ai commencé à travailler à l’âge de 19 ans, toute la musique de ma jeunesse était remplacée par de nouvelles directions dans lesquelles j’avais très peu confiance. À cette époque, je pouvais enfin m’offrir mes premiers instruments : une guitare acoustique Gibson d’occasion, une guitare électrique Gibson seconde main et un banjo Fender bon marché. Grâce à l’influence d’artistes comme Doc Watson et Mississippi John Hurt, je suivais la musique acoustique et plus je plongeais dans son passé, plus je comprenais la migration de la musique du sud rural des États-Unis vers les États industriels du nord. La musique de l’après-guerre américaine est devenue ma bible.

De nombreux Noirs de toute part ont migré vers le Nord pour trouver un emploi et beaucoup d’entre eux se sont installés à Chicago. L’un de ces voyageurs était McKinley Morganfield (1913-1983), né dans un comté du Mississippi qui n’est pas connu avec certitude. Sa grand-mère, Della Grant, l’a élevé après que sa mère soit morte peu après sa naissance. Grant lui a donné le surnom de « Muddy » à un jeune âge parce qu’il aimait jouer dans l’eau boueuse du Deer Creek à proximité.

Son Sims & Muddy Waters

Son Sims & Muddy Waters

Muddy Waters a grandi sur la Plantation Stovall près de Clarksdale, Mississippi où les restes de la cabane où il a vécu dans sa jeunesse sont maintenant conservés comme le Delta Blues Museum. En août 1941, Alan Lomax, assistant responsable des archives de la chanson folklorique de la bibliothèque du Congrès, se rend à Stovall Plantation pour enregistrer divers musiciens de blues country, dont Muddy Waters, qui joue à l’époque avec un violoniste nommé Henry « Son » Sims (1890-1958). Lomax est revenu en juillet 1942 pour les enregistrer à nouveau. Les deux sessions ont finalement été publiées par Testament Records sous la forme d’un album intitulé « Down on Stovall’s Plantation ».

En 1943, Muddy se rend à Chicago avec l’espoir de devenir un musicien professionnel à temps plein. Il vivait avec un parent alors qu’il conduisait un camion, travaillait dans une usine le jour et jouait de la musique la nuit. En 1944, il a acheté sa première guitare électrique puis a formé son premier combo électrique par nécessité. Électrifier son son était le seul moyen d’être entendu au-dessus des cris, des disputes, des combats et des bouteilles de bière volantes dans les clubs bruyants de Chicago à l’époque. Les bouteilles de bière en particulier ont forcé de nombreux musiciens à jouer derrière une barrière protectrice de broche à poulet.

En étudiant l’évolution de la musique blues, vous voyez facilement que le concept moderne de 12 mesures était de plus en plus fortuit le plus loin qu’on allait dans le temps. Des artistes comme Mississippi Fred McDowell et John Lee Hooker ont simplement joué leur musique sans les contraints d’un tempo rigide. Étant l’un des premiers enregistrements de Muddy avec Chess Records, « Louisiana Blues » suit ces lignes. Muddy chante et joue de la guitare avec Little Walter Jacobs à l’harmonica, Ernest « Big » Crawford à la contrebasse et le batteur Elgin Evans qui tape sur un morceau de bois. C’était le blues à sa base, primaire et sans fineries.

« Louisiana Blues » mentionne un « mojo hand ». Dans le spiritisme afro-américain, un mojo est un sort qui peut être porté avec ou sur le corps de l’hôte, composé d’un sac contenant un ou plusieurs objets magiques. Les noms américains alternatifs pour le mojo incluent gris-gris et « mojo hand. »

Hammie Nixon, Yank Rachell & Sleepy John Estes

Hammie Nixon, Yank Rachell & Sleepy John Estes

J’ajoute une mandoline à ma version de « Louisiana Blues ». Bien que la mandoline soit associée à la musique blues depuis l’époque de W.C. Handy (1873-1958), je l’ai entendue pour la première fois jouée par James « Yank » Rachell (1910-1997) sur les enregistrements très influents de Sleepy John Estes (1899-1977).

Richard Séguin – voix, guitare slide, guitare à résonateur Dobro, mandoline, percussion échantillonée.

Pour écouter la chanson, cliquez sur le titre ci-bas.

Louisiana Blues

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