La ballade écossaise « Twa Corbies » (Deux corbeaux)

The Twa Corbies, Arthur Rackham circa 1919

The Twa Corbies, par Arthur Rackham circa 1919

Entre le XVIe et le XIXe siècle, la ballade anglaise « The Three Ravens » s’est évoluée en la ballade écossaise « Twa Corbies » (Deux corbeaux). « The Three Ravens » a été imprimé pour la première fois dans un recueil de chansons compilé par Thomas Ravenscroft en 1611, mais la ballade est peut-être beaucoup plus ancienne que ça. La ballade « Twa Corbies », écrite en la langue écossaise, est apparue pour la première fois dans une correspondance datée de 1802, qui indique qu’elle provenait de la récitation d’une vieille dame à Alva, une petite ville du Clackmannanshire, située dans les basses terres centrales de l’Écosse.

« Twa Corbies » est invariablement chanté dans le langage écossais de l’époque. L’utilisation d’un « a » dans de nombreux mots serait plus tard remplacée par un « o » : « twa » est devenu « two », « alane » est devenu « alone » et ainsi de suite. Le mot « corbies » vient évidemment du français “corbeaux.” Voici une traduction française moderne des paroles de « Twa Corbies » :

Alors que je marchais tout seul / J’ai entendu deux corbeaux faire du bruit
Et l’un à l’autre a dit / Où irons-nous dîner aujourd’hui ?
Où allons-nous dîner aujourd’hui ?

Derrière ce vieux mur de terre / Je sais qu’il y a un chevalier nouvellement tué
Et personne ne sait qu’il est là / Sauf son faucon et son chien et sa belle dame
Son faucon et son chien et sa belle dame

Son faucon est parti à la chasse / Son chien retourne du gibier à la maison
Sa dame a pris un autre compagnon / Alors nous pouvons faire notre dîner doux
Nous pouvons faire notre dîner doux

Tu vas t’asseoir sur son os blanc / Et je vais picoter ses jolis yeux bleus
Avec plusieurs mèches de ses cheveux dorés / Nous tapisserons notre nid quand il sera nu
Nous tapisserons notre nid quand il sera nu

Beaucoup de gens pleurent pour lui / Mais personne ne saura où il est parti
Sur ses os blancs quand ils sont nus / Le vent soufflera pour toujours plus
Le vent soufflera pour toujours plus

Twa Corbies 1901

Twa Corbies, par Penholm G. Howell-Baker, 1901

La ballade est brutalement dure et macabre et reflète bien son temps. La violence était considérée comme une partie nécessaire de la vie au Moyen Âge et les gens étaient entourés de violence sous de nombreuses formes, y compris des guerres, des tournois brutaux et des rivalités meurtrières pour le pouvoir et la terre. Les représentations graphiques d’événements violents étaient également courantes. La violence a joué un rôle majeur dans les conflits familiaux, dans le système judiciaire et même dans l’éducation et le divertissement. Les nations se sont affrontées pour la terre, les vassaux se sont révoltés contre les seigneurs et les croisés ont mené des guerres saintes au nom de la religion. Les politiciens médiévaux ont souvent pointé du doigt le comportement guerrier dans l’histoire biblique et antique pour justifier leurs propres plans violents. Les hommes étaient en effet des barbares, descendants d’une longue lignée de barbares.

Le chevalier à l’époque médiévale a obtenu une position d’honneur, en particulier à titre militaire. Les chevaliers étaient des cavaliers habiles au combat et bénéficiaient de tous les derniers avantages technologiques tels que l’armure, le maille, les lances et les arbalètes. Et pourtant, le chevalier a été dépassé par les progrès dans les armes de guerre au milieu du 15ème siècle, comme l’introduction du culverin, un canon anti-personnel tiré à la poudre. Ainsi, dans « Twa Corbies », deux corbeaux charognards à la recherche de leur prochain repas trouvent un chevalier tombé derrière un mur. Le chevalier est complètement abandonné, son faucon parti à la chasse, son chien allant chercher un gibier à la maison et sa dame déjà prise avec un autre compagnon. Ne voyant aucune opposition, les corbeaux descendent sur la carcasse du chevalier, picotant ses yeux et tirant ses cheveux pour épaissir leur nid. Les os blanchis au soleil du chevalier sont oubliés et le vent souffle…

Richard Séguin – voix, instruments MIDI (tympanon, violon, alto, percussion), échantillons audio

Pour entendre la chanson, cliquez sur le lien ci-bas

Twa Corbies

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