Au début de 1961, Bob Dylan a quitté Hibbing au Minnesota pour la ville de New York afin de trouver les chanteurs qu’il avait entendus sur disque – Dave Van Ronk, le duo de Sonny Terry et Brownie McGhee, Josh White, le révérend Gary Davis mais surtout il voulait trouver Woody Guthrie (1912-1967), son idole musicale qu’il qualifiait de « la vraie voix de l’esprit américain. » Dylan s’est établi dans le quartier Greenwich Village de New York et s’est fait un nom comme chanteur de chansons traditionnelles folk, chansons présentées sur son premier disque éponyme en 1962. De la musique folk, Dylan a dit « Je savais qu’en me lançant dans le folk, c’était une chose plus sérieuse. Les chansons avaient plus dedésespoir, plus de tristesse, plus de chagrin, plus de triomphe, plus de foi dans le surnaturel, des sentiments plus profonds. »
En 1963, il était un compositeur dont les pièces devinrent des hymnes de sa génération, des chansons comme « Blowin’ in the Wind » et « A Hard Rain’s a-Gonna Fall », tous deux en vedette sur son second disque, « The Freewheelin’ Bob Dylan. » Ce disque est aussi mémorable pour sa couverture, une photo d’un Dylan souriant qui marche les rues de Greenwich Village, une belle jeune femme au bras.
Elle se nommait Suze (Susan) Rotolo (1943-2011), une artiste et activiste politique de descendance italienne dont les parents étaient membres du Parti communiste américain durant l’ère McCarthy. Au dire de tous, ils étaient un couple dévoué, fréquemment vu dans les environs de Greenwich Village. Dylan a décrit Rotolo comme « une statue de Rodin qui prend vie. » Enfin, la liaison amoureuse n’a pu survivre à l’énorme adulation et l’examen minutieux que Dylan recevait, la désapprobation de la famille Rotolo et les aspirations artistiques de Suze elle-même. Elle est partie pour l’Italie afin d’étudier l’art en juin 1962, retournant après six mois, mais la liaison ne s’est pas perpétuée. La couverture du prochain disque de Dylan, « The Times They Are a-Changin’ » (1964), nous fait voir un homme changé, songeur et distant.
La séparation de Dylan et Rotolo est la source d’inspiration pour plusieurs de ses meilleurs chansons d’amour, telles « Don’t Think Twice, It’s Alright », « Tomorrow Is a Long Time », « One Too Many Mornings » et « Boots of Spanish Leather. »
« Boots of Spanish Leather » est présenté comme un dialogue de six couplets entre deux amants suivi de trois couplets chantés par celui qui est laissé derrière. Quoique la chanson traite du départ de Rotolo pour l’Italie, Dylan a caché ce fait en utilisant l’Espagne comme le pays de destination. La chanson est adaptée de « Scarborough Fair », une ballade qui date de la Période moyen anglais (1150 – 1500).
La musique folk a disparu comme élément de la musique contemporaine il y a plus de cinquante ans. Les gens d’aujourd’hui auraient de la difficulté à écouter qui que se soit, accompagné d’une seule guitare, chanter des paroles chargées pendant six minutes. Mais c’est exactement ce que je vous propose!
Richard Séguin – voix et guitare acoustique
Pour en apprendre davantage sur « Don’t Think Twice, It’s Alright », une autre chanson composée pour Suze Rotolo, cliquez ici.
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